Taxe Airbnb : comprendre les prélèvements sur les locations courte durée
1,6 milliard d’euros : c’est le montant que les locations saisonnières ont généré en France l’an dernier. Derrière ce chiffre, une réalité se dessine : la fiscalité sur Airbnb et consorts n’a plus rien d’un angle mort. Depuis 2024, les plateformes de location en ligne transmettent automatiquement les revenus générés par leurs utilisateurs à l’administration fiscale. Cette transmission systématique modifie la façon dont les particuliers doivent déclarer leurs gains issus de la location courte durée, en particulier sur les plateformes type Airbnb.
L’application des régimes fiscaux micro-BIC ou réel, le seuil de 23 000 euros pour basculer en Loueur Meublé Professionnel (LMP) et l’apparition de nouvelles obligations en 2025 complexifient la gestion des revenus locatifs. Plusieurs éléments techniques et calendriers administratifs s’ajoutent, rendant la compréhension des prélèvements et des démarches souvent difficile.
Plan de l'article
Ce que la taxe Airbnb change pour les locations courte durée en 2025
La loi de finances 2025 fait bouger les lignes pour la location courte durée. Les particuliers découvrent une fiscalité Airbnb plus rigoureuse, un contrôle administratif renforcé et des démarches qui ne laissent plus place à l’approximation. Les règles assouplies du passé s’effacent : la location saisonnière avance désormais sous l’œil vigilant de l’administration.
Dès 2025, impossible d’ignorer le DPE (diagnostic de performance énergétique) pour louer en zone tendue. Paris, Lyon, Bordeaux et d’autres grandes villes devront s’y conformer. Cette obligation, déjà familière pour les locations longue durée, s’étend à tous les meublés de tourisme, qu’ils soient classés ou non. Pour les propriétaires, cela signifie : contrôle technique, dépenses supplémentaires, parfois même des travaux à envisager pour continuer à louer.
Autre obligation qui s’impose : le numéro d’enregistrement en mairie. Dans de nombreuses communes, Airbnb et autres plateformes devront systématiquement vérifier que ce précieux sésame figure sur chaque annonce. Sans ce numéro, la mise en ligne se complique, et la sanction n’est jamais loin, renforcée par les dernières décisions du Conseil d’État.
Le régime fiscal évolue dans le même mouvement. Les seuils et abattements du micro-BIC sont revus à la baisse par la loi Le Meur : en 2025, la location de tourisme non classée ne bénéficiera plus que d’un abattement de 30 % (contre 50 % auparavant), limité à 15 000 € de recettes. Seules les locations de tourisme classées conservent un plafond plus élevé, mais le fossé se creuse. Choisir entre classement, travaux ou fiscalité devient un passage obligé.
Dans les faits, la gestion locative Airbnb prend un tournant plus professionnel : transmission automatique des revenus aux impôts, contrôles accrus, règles plus strictes. La location meublée saisonnière s’inscrit désormais à la croisée du droit fiscal, de l’urbanisme et des normes environnementales. Impossible de faire l’impasse.
Quels revenus déclarer et sous quel régime fiscal ?
Lorsqu’on loue sur Airbnb, une règle s’applique sans exception : tous les revenus issus de la location meublée entrent dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC). Que l’on soit propriétaire, LMNP ou LMP, le formulaire 2042 C Pro devient obligatoire. Les plateformes envoient déjà automatiquement le détail de chaque recette à l’administration fiscale.
Deux choix de régime fiscal s’offrent aux loueurs, selon les revenus annuels et le classement du bien :
- Micro-BIC : disponible si les recettes ne dépassent pas 15 000 € pour les meublés non classés (abattement de 30 %) ou 77 700 € pour les meublés classés (abattement de 50 %) en 2025. L’administration applique l’abattement sans rien demander de plus.
- Régime réel : il devient obligatoire au-delà de ces seuils, ou accessible sur option. Ici, il est possible de déduire l’ensemble des charges réelles (emprunt, travaux, gestion), et d’amortir le bien. Un point de vigilance : dès 2025, les amortissements déduits seront pris en compte dans le calcul de la plus-value immobilière lors d’une revente en LMNP.
Le classement du logement comme location de tourisme classée offre un abattement plus élevé et un plafond de recettes plus confortable. À l’inverse, pour une location non classée, le micro-BIC s’arrête à 15 000 €, un seuil rapidement atteint dans les grandes villes.
Plusieurs situations particulières subsistent. Voici les principaux cas à connaître :
- Les chambres d’hôtes bénéficient d’un abattement de 71 % jusqu’à 188 700 € de recettes.
- Les revenus inférieurs à 305 € sont totalement exonérés.
- La location d’une seule pièce de la résidence principale n’est pas imposée si la somme annuelle perçue ne dépasse pas 760 €.
Déclaration, prélèvements et démarches : le guide pratique pour les hôtes Airbnb
Louer sur Airbnb, aujourd’hui, impose une discipline stricte. Dès le premier euro encaissé, la déclaration des revenus locatifs s’impose via le fameux formulaire 2042 C Pro. Ceux qui choisissent le régime réel doivent aussi remplir le formulaire 2031 SD. Bien que les plateformes transmettent déjà les montants à l’administration, c’est toujours à l’hôte de veiller à la conformité de sa propre déclaration.
S’ajoutent les prélèvements sociaux, appliqués sur chaque revenu tiré de la location courte durée. Le taux global atteint 17,2 % : CSG (9,2 %), CRDS (0,5 %) et prélèvement de solidarité (7,5 %). Au-delà de 23 000 € de recettes annuelles, les cotisations sociales relèvent de l’URSSAF et prennent la place des prélèvements sociaux habituels. Ce seuil s’apprécie sur l’ensemble des revenus meublés encaissés sur l’année.
La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) s’applique dès que les recettes franchissent 5 000 € par an. Il faut alors déposer le formulaire 1447-C auprès du Service des Impôts des Entreprises dans les 15 jours suivant le début d’activité. Airbnb collecte aussi automatiquement la taxe de séjour dans la plupart des villes et la reverse aux collectivités concernées.
Il est utile de signaler que proposer certains services à la carte, comme le petit-déjeuner, le ménage, la fourniture de linge ou un accueil personnalisé, peut entraîner une soumission à la TVA. En dehors de ces prestations, la location meublée saisonnière en reste exonérée. Omettre la déclaration expose à des pénalités, des intérêts de retard, voire des majorations. Confier la gestion à une conciergerie ne dispense jamais des obligations fiscales.
En 2025, la fiscalité Airbnb ne laisse plus place à l’improvisation. Les règles, plus strictes, dessinent une frontière nette entre amateurisme et gestion structurée. À chacun de choisir son camp, avant que la note ne tombe.
